Le retour au Mézenc

Il remontait heureux, au-delà du vieux Rhône,
Plus loin que l'acacia, plus haut que les mûriers ;
Encore une colline couverte de genêts,
Le plateau désolé, berceau de sa famille,
Enfin une montagne aux reliefs enneigés.

Les pas de ses ancêtres, dans un lointain passé,
Avaient sur ce chemin, cette route pierreuse,
Laissé les traces amères de l'exil obligé,
Migrant vers la vallée, famille trop nombreuse
Quittant ce lieu austère que pourtant ils aimaient.

… il remontait le temps, il remontait son arbre
A la recherche de ses racines passées :
La fraîcheur printanière de la forêt humide,
L'odeur poivrée des ruches bourdonnantes l'été,
L'odeur amère émue des genêts échauffés.

Le goût rond et sucré des bolées de châtaignes
Mangées autour de l'âtre où pétillent les bûches,
La tempête hivernale et la burle à la porte,
Le carré résistant où toute la famille
Vivait, en se serrant, la solidarité.

Mais tout avait changé, fils prodigue étonné
Surpris de se savoir devenu l'étranger
Pour ses cousins lointains au pays demeurés
En guise de veau gras il était rejeté
L'eau qui chuchote dans les prairies parfumées
Descend dans la vallée ne remonte jamais

Claude Revol

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La photo du Mézenc originale.